lundi 26 mai 2014

La table périodique des éléments est un vaste sujet.

C'est pourquoi nous l'aborderons en plusieurs fois de manière ultra-superficielle.


Commençons par le commencement.
J'ai découvert récemment un jeu en ligne très rigolo qui propose de tester sa connaissance des éléments du tableau périodique.
Je ne connaissais jusque là que les trois premières lignes du tableau (et les deux lignes de métaux de transitions du dessous)*, grâce à mon professeur de chimie organométallique qui l'exigeait pour l'un de nos cours ; je ne voyais pas comment il pouvait être humainement possible d'apprendre la table périodique, 118 éléments, par cœur.
Ce jeu accélère vraiment l'apprentissage. Je commence à bien gérer sur les noms et les symboles, par contre je suis toujours une quiche en numéros atomiques.
Il m'a permis de m'intéresser au bas du tableau, vous savez : tous les trucs un peu radioactifs qui traînent. Et, galérant sur l'orthographe du Roentgenium ou du Darmstadtium, j'ai maudit tous ceux qui se sont sentis obligés de faire des spéciales dédicaces en découvrant un élément.


Spécial dédikass a ma patri

Un certain nombre d'éléments portent des noms de pays, ou d'anciens noms de pays. Par numéro atomique croissant, il s'agit de la liste suivante :

- Scandium Sc (21)
- Gallium Ga (31)
- Germanium Ge (32)
- Ruthénium Ru (44)
- Indium In (49) - non je déconne, vous ne croyiez tout de même pas qu'on allait mettre un pays de l'hémisphère sud dans le tableau périodique ? Indium vient du mot "indicum", une nuance de bleu en latin.
- Thulium Tm (69)
- Polonium Po (84)
- Francium Fr (87)
- Californium Cf (98) (la Californie est un État des États-Unis, logiquement ça en fait un pays)
- Hassium Hs (108) (Hesse est un land parmi les landër allemands. ... Ça compte, non ?)

Les premiers utilisant des noms très datés, explicitons-les tous :

- Scandium = Scandinavie. Il n'y a qu'en Scandinavie qu'on trouve du Scandium. Ça a presque du sens.
- Gallium = apparemment, ce serait un double jeu de mots sur le fait qu'il a été découvert par M. Lecoq, en France.
- Germanie = ach, che ne fous fais bas und tessin !
- Ruthénium = Ruthénia est le nom latin de la Russie.
- Thulium = de Thule, le nom grec de la Scandinavie.
- Polonium = la Pologne.
- Francium = et eeencore la France.
- Californium = les éléments les plus lourds ayant été découverts le plus tard, ils ont laissé le temps aux États-Unis de rattraper leur retard technologique sur l'Europe. Le Laboratoire national Lawrence-Berkeley s'est fait très plaisir à lui-même en nommant des éléments.
- Hassium = et eeeencore l'Allemagne.

Sacré carte du monde, pas vrai ? Enfin, tout ça pour dire que lorsqu'on nomme un élément, c'est pour faire une immortelle spéciale dédicace :
- à soi-même via son pays
- au seul endroit du monde où on trouve l'élément - valable pour la Scandinavie.
Pourquoi tant de patriotisme ? Parce que le découvreur d'un élément chimique gagne le droit de le nommer.
Il gagne le droit de définir pour toujours la désignation de l'élément chimique qu'il a découvert.
Tout va bien.


Spécial dédikass a la téci

Attendez, c'est pas fini, on a des villes aussi. Et des gratinées.

Je vais devoir vous préparer un peu psychologiquement pour la première.
Concevez un petit village de la côte est suédoise, pas très loin de Stockholm. On l'a déjà dit, la Scandinavie semble propice aux découvertes chimiques surprenantes ; ne faisant pas défaut au pays, Ytterby renferme un minéral sympa et inconnus partout ailleurs dans le monde, que s'appelorio yttria. Jusqu'ici tout va bien.
Dans ce minéral ont été découverts, non pas un, non pas deux, mais QUATRE nouveaux éléments chimiques totalement inconnus jusque là. Comment les a-t-on appelés ? On a pris le nom Ytterby et on a fait n'importe quoi avec.
D'où les magnifiques éléments chimiques :
- Yttrium Y (39)
- Terbium Tb (65)
- Erbium Er (68)
- Ytterbium Yb (70).
On dirait une blague.

Les autres villes font moins rire. Certaines rappellent le lieu où fut trouvé le minéral dont a été sorti l'élément pur :
- Strontium Sr (38), du village de Strontian (Écosse).
- Holmium Ho (67), de la ville de Stockholm (Suède).

Quatre éléments artificiels se payent le luxe de porter le nom de la ville où si situe le laboratoire qui les a créés :
- Berkélium Bk (97), de la ville de Berkeley (Californie. Ça vous évoque un souvenir ? Oui, nous sommes en train de parler du Laboratoire national Lawrence-Berkeley. Le monde de la chimie est petit).
- Dubnium Db (105), de la ville de Doubna (Russie). Il s'agit du lieu d'implantation de l'Institut Unifié de Recherches Nucléaires, laboratoire de chimie nucléaire fondé par de vils communistes.
 - Darmstadtium Ds (110), de la ville de Darmstadt (Allemagne). Il s'agit du lieu d'implantation du Centre de recherche sur les ions lourds, laboratoire de chimie nucléaire là encore.
 - Livermorium Lv (116), de la ville de Livermore (Californie). Laboratoire national Lawrence-Livermore. Encore eux !

Les deux derniers sont des dédicaces patriotes :
- Lutécium Lu (71). De l'ancien nom de la ville de Paris. (Je suis prête à parier que le type a tenté de caser un "Parisium" et qu'il lui a été répondu que le Protactinium (91), de symbole Pa, et le Praséodyme (59), de symbole Pr, existant déjà, on ne pouvait pas laisser passer une chose pareille.)
 - Hafnium Hf (72). De l'ancien nom de la ville de Copenhague. Ceeertes, l'élément y a été repéré aux rayons X parmi un bloc de Zirconium, ce qui en fait un nom moyennement patriote.


Spécial dédikass a mon crew

Enfin, les découvreurs de substances chimiques ont rendu hommage à de grands noms de la chimie, leur offrant l'immortalité à travers la dénomination d'éléments chimiques (qui parfois se désintègrent en deux secondes, merci du cadeau, tu parles d'une longévité).


 - Gadolinium Gd (64), du nom d'un chimiste finlandais qui a œuvré entre le dix-huitième et le dix-neuvième siècle.
 - Curium Cm (96), du nom d'une chimiste française d'origine polonaise qui a beaucoup étudié la radioactivité. Et de son mari. Mais je préfère croire que ceux qui ont nommé l'élément n'avaient que son nom en tête.
 - Einsteinium Es (99), du nom d'un physicien allemand qui perdit sa nationalité pour la troquer contre une helvète et une états-unienne ; il a bricolé ce qu'on appelle relativité.
 - Mendélévium Md (101), du nom d'un chimiste russe qui a, notamment, travaillé sur la table périodique. Méta.
 - Nobélium No (102), du nom d'un chimiste et fabricant d'armes suédois.
 - Lawrencium Lr (103), du nom d'un physicien américain.
 - Rutherfordium Rf (104), du nom d'un physicien et chimiste britannique qui avait tout compris à la radioactivité.
 - Seaborgium Sg (106), du nom d'un physicien atomiste américain qui découvrit plein d'éléments. ... Wikipédia signale qu'il pouvait écrire son adresse avec des éléments chimiques, information d'une pertinence, euuh, intéressante ? (Aucun rapport avec une mauvaise orthographe de "Cyborg").
 - Bohrium Bh (107), du nom d'un physicien danois qui a fait plein de choses pour les atomes. Enfin, notre compréhension des atomes.
 - Meitnérium Mt (109), du nom d'une physicienne autrichienne qui fit des choses sympas en radioactivité. Et, contrairement à l'autre, il n'y a aucun mari pour faire douter de la personne qui a réellement donné son nom à l'élément.
 - Roentgenium Rg (111), du nom d'un physicien allemand qui découvrit les rayons X.
- Flérovium Fl (114), du nom du fondateur de l'équipe de l'Institut Unifié de Recherches Nucléaires qui a créé l'élément. (Quand bien même il est mort, j'appelle ça jouer les lèche-botte.)

On notera que les gens ne donnent pas leur propre nom aux éléments qu'ils découvrent, ce qui est déjà ça. Le patriotisme oui, l'égocentrisme ne déconnons pas.


Va falloir conclure

 Cet innocent jeu de mémoire présenté plus haut m'a conduite à aller chercher le sens de noms improbables d'éléments de la table périodique que personne ou presque ne connaît ; j'en ai profité pour partager le bazar avec vous.

 Avouons-le franchement, c'est encore un article de remplissage. Et que serait un article de remplissage sans une illustration hors-sujet ?

C'est une traduction à l'arrachée d'une image apparemment créée par cet homme (béni soit-il pour la rigolade)


 Sur ce, je vous souhaite une bonne semaine.


Note :

* Comme toutes les phrases mnémotechniques, la mienne n'avait aucun sens :

Kévin (potassium), qu'(calcium) est-ce que (scandium) tu (titane, si prononcé "ti") veux (vanadium) ? Crever (chrome) mon (manganèse) frère (fer) ? Comme (cobalt) Nick (nickel) cul (cuivre)-zen (zinc) ? Ga(gallium)ge(germanium) à ce (arsenic sélénium) brillant (brome) crétin (krypton) !

Je n'en avais pas d'autre longue phrase pour les lignes suivantes, je fonctionnais par colonnes :

Ski sur lac (Sc-Y-La-Ac)
Petite girafe => Tit ziraf (Ti-Zr-Hf)
Va, noble tantouse (V-Nb-Ta)
Crève, maudit wapiti ! (Cr-Mo-W)
Féru d'os (Fe-Ru-Os)
Courir (Co-Rh-Ir)
(J'ai honte) Nique les paladins platine ! (Ni-Pd-Pt)
Pas de phrase, mais un indice : le podium olympique (Cu-Ag-Au)
Pas de phrase, mais un repère : des poisons (Zn-Cd-Hg)

On a tous eu nos trucs bizarres.

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