dimanche 27 avril 2014

Nom nom nom.

Nom nom.

 Ce que je trouve rigolo avec mon petit domaine de compétence, c'est son âge. Ou ses âges.

 Hors des théories sur la nature de la matière, plusieurs formes de chimies appliquées ont vu le jour très tôt dans les diverses communautés humaines, en parallèle ou avec espionnage industriel à la clé. Les secrets de la fabrication du pain, du savon, de la poudre noire, de l'eau régale, du verre, du ciment, du bronze, des parfums, des teintures, des encens. Le développement de toutes les pharmacopées autour du globe. Le tout porté par des gens qui, comme monsieur Jourdain (mutatiiiiis mutandiiiiis*), ne savaient pas qu'ils faisaient de la chimie.

 La fabrication de produits de base par des méthodes chimiques qui ne font pas l'objet d'une recherche intense (le savon, c'est bon, on sait faire depuis le temps) rentrent dans l'industrie parachimique. Notez que la parachimie n'est pas à la chimie ce que la parapsychologie est à la psychologie.
 Fun fact, j'ai envisagé il y a un bout de temps un projet de petite entreprise en parachimie, et fait des recherches sur les lessives et les encres pour tatouages, mais j'ai laissé tomber parce que je ne savais pas du tout par quel bout m'y prendre. (Si vous voulez devenir savonnier, inutile d'obtenir un master de chimie. C'est un vrai conseil.) Je m'y remettrai peut-être un jour, il paraît qu'il y a de vraies saloperies dans les encres pour tatouages et un de mes fers de lance est le remplacement des produits dangereux par des équivalents moins dangereux. REACh powaa !
 La cuisine aussi peut être considérée comme une forme de cette chimie qui ne dit pas son nom : je vous parlerai peut-être dans un autre articles des réactions de Maillard quand j'y aurai compris quelque chose. Je vais sûrement appeler un ingénieur agronome à la rescousse.

Ce site est très sympathique et je vous en conseille l'épluchage. Déjà parce qu'un site web 1.0 c'est toujours très rigolo à consulter de nos jours, et ensuite parce qu'il y détaille deux ou trois petites choses intéressantes sur la chimie dont je viens de vous parler, celle que des hommes et femmes des cavernes ont développé au fil des âges.

 Cette longue et confuse introduction, elle, me sert seulement à justifier la paresse de l'article qui va suivre.

 Jeudi soir j'ai refait un plat que je n'avais plus fait depuis un bout de temps, parce que j'hésitais à imposer mes expérimentations culinaires à mes colocataires (les deux filles avec qui j'ai vécu d'octobre à mars). Et comme la cuisine c'est de la chimie, si je vous donne ma recette, ce sera totalement cohérent avec la ligne éditoriale du blog.
 Si si.
 Je le déclare.

 * Si ce blog avait pris une autre tournure, j'aurais sûrement écrit un article pour expliquer ce que je trouve cool avec la notion de participe futur en latin.


 En gros, c'est une poêlée de légumes avec du riz et du poulet.

 Il vous faudra, pour deux personnes (et si vous êtes plus ben vous multipliez, vous êtes pas manchots des maths) :


 Côté poulet :

 - 300 g de filet de poulet (ou autres bouts de poulet récupérés sur une carcasse entière, ne soyons pas sectaires, de toute façon on va les couper en morceaux)
 - 250g de yaourt brassé nature (j'ai utilisé deux pots de 125g)
 - 3-4 cuillères à soupe de ras el hanout / curry / recomposition de ces mélanges à partir de vos épices / un mélange que vous préférez à ces deux-là
 - le jus d'un citron (ne jetez pas l'écorce, ne la jetez pas !)

 Côté accompagnement :

 - 2-3-4 carottes (selon la taille de la carotte, duh)
 - un oignon rouge (un truc violacé qui fait super beau dans la cuisine en attendant de passer à la casserole COMME TA MÈRE)
 - l'écorce d'un citron (j'avais dit qu'il fallait pas la jeter !)
 - du riz. J'ai récupéré une barquette de riz dans le frigo qui nous restait de brochettes japonaises à emporter, donc je ne sais pas trop combien il y en avait... Allez, au pif 100-120g sec, cuit à part ?
 - un peu de miel (genre une cuillère ou deux)
 - un bouillon cube - genre kub or, mais peu importe

 Côté accessoires non-évidents :

 - une râpe avec des gros trous
 - un presse-agrumes
 - des petits pics à brochette



 L'ordre logique de la préparation d'un plat n'est pas mon fort. Ce sera donc un peu dans le désordre.

 1. Cuire le riz
 Cuisez le riz. Réservez-le. Peu importe s'il sèche un peu, j'ai fait mon plat avec du riz sec qui datait de deux jours et ça n'a pas posé problème.
Ajout : Kak Miortvi Pengvin me conseille de préciser qu'il s'agit de le cuire dans une casserole, à l'eau, de manière classique. En fait, ne gardez pas l'amidon. Si je voulais vous faire faire un risotto, je l'aurais dit.
 

 2. Mariner le poulet
 Découpez votre poulet en petits morceaux, entre la noisette et la noix.
 Mettez vos épices au fond d'une assiette.
 Jetez vos morceaux de poulet dans l'assiette, tournicotez un peu pour que chaque morceau soit couvert d'épices.
 Mettez le yaourt brassé dans un saladier.
 Pressez le citron, jetez le jus dans le yaourt, réservez l'écorce.
 Jetez les morceaux de poulet dans le yaourt, touillez pour que ça se rencontre un peu. Réservez.

 3. Préparer le citron
 Prenez votre citron pressé. Ôtez-en la partie "fruit", nous n'avons besoin que de l'écorce. J'y arrive avec une petite cuillère, trouvez votre méthode.
 Avec un couteau, ôtez le plus possible de la partie blanche de l'écorce pour que ce que vous gardez s'approche le plus possible d'un zeste. Pro tip : faites ça sur des quarts de moitiés. Non parce que j'ai tendance à laisser plus de blanc au milieu des morceaux si je fais ça sur des moitiés de moitiés.
 Coupez ce pseudo-zeste en lamelles. Si les lamelles sont souples, vous pouvez les intégrer dans la poêlée ainsi ; si, comme les miennes, elles sont plus coriaces, je vous recommande une étape supplémentaire.
 Faites bouillir un fond d'eau dans une casserole - une pas trop haute si possible. Un fond, vraiment, parce que l'idée c'est de ne pas jeter cette eau. Jetez-y un bouillon cube (tant qu'à faire, autant aromatiser un peu) et le citron.
 Laissez le fond de bouillon réduire, ajoutez de l'huile quand vous ne risquez plus de mourir brûlé par un retour d'huile bouillante - il ne faut pas laisser au citron d'occasion de brûler et d'attacher au fond.
 Soyez prêts à ajouter l'oignon et les carottes. Donc lisez les autres étapes, quoi.
 Vous pourriez certes zester directement le citron avant de le presser mais je ne suis pas satisfaite par le résultat que j'obtiens de cette façon.

 4. Préparer l'oignon
 Épluchez, hachez, jetez dans la casserole quand le contenu est moins flotteux et plus huileux.
 Essuyez vos larmes. Cet oignon avait bien vécu.

 5. Préparer les carottes
 Épluchez et râpez grossièrement les carottes. Un poil de jus de citron pourrait aider à ce qu'elles ne brunissent pas en attendant la cuisson, si comme moi vous êtes lents.
 Jetez dans la casserole quand les oignons ont un peu sué.

 6. Parachever la poêlée
 Rectifiez l'amertume du citron au miel si celle-ci rend le plat difficile à consommer - même si, bon, c'est censé être un des intérêts de la recette.
 Jetez le riz dans les légumes, mélangez.

 7. Cuire le poulet
 Réalisez des brochettes avec les morceaux de poulet marinés.
 Cuisez-les dans une poêle. N'hésitez pas à jeter le reste de la marinade dessus. Sel poivre éventuellement.
 Pleurez pour les répartir parce qu'il y en a un nombre impair pour un nombre pair de convives.


 Voilà, c'est prêt. Ce n'est pas fabuleux mais c'est un des rares plats qui me donnent l'impression d'offrir quelque chose de raffiné/compliqué à mes convives.
 Cette recette tranche avec mes habitudes parce que j'ai plutôt tendance à me fier à mon instinct pour improviser des sauces et des beignets. Je cuisine très peu la viande parce que j'ai peur de la rater.

 Pour expliquer l'origine du plat :
 - j'ai tenté de faire quelque chose de la peau des citrons parce que je suis pingre. C'est si fort que c'est plus un condiment qu'un légume, mais ça rend assez sympathique sous cette forme découpée et poêlée.
 - je n'aime pas forcément les carottes cuites ni les carottes râpées, mais, étrangement, râpées et cuites, j'aime bien.
 - les oignons rouges sont moins forts que les oignons jaunes, légèrement plus sucrés, et extraordinairement jolis dans le plat.
 - les marinades, c'est cool, et les yaourts, c'est pas très cher et plus léger que de la crème.
 - curry, curry, curry, curry, j'aime le curry, je vis pour le curry. Mais jeudi j'ai fait au ras el hanout parce que ça me traînait sous la main dans la cuisine de ma tante. Son paquet indique comme composition : curcuma, cumin, coriandre, gingembre, cayenne et autres épices. Ce qui couvre quasiment toutes les épices dont j'ai coutume de me servir, sauf la cannelle, la muscade et le paprika. Oui donc pas toutes du tout en fait.
 - le poulet est l'une des rares viandes que je cuisine. Sinon je fais du steak haché, des beignets de hareng et je poêle le jambon blanc (je trouve le jambon blanc triste s'il n'est pas poêlé).



 Bon ben voilà, j'ai fort bien rédigé mon article de CHIMIE *tousse* *tousse* et je vous souhaite une bonne soirée.

 @now@n

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